mercredi 4 avril 2012 à 20h30

Conférence : Vers un droit dans limites ?

Michel Miaille est Professeur émérite de droit et de sciences politiques de l'Université Montpellier 1. Il préside le comité scientifique de l'Agora des savoirs. Il est notamment l'auteur d'Une introduction critique au droit traduite dans de nombreuses langues (Maspero, 1976) et de L'État du droit (Presses Universitaires de Grenoble, rééd. 1987).

Le droit n'apparaît qu'aux yeux des profanes comme un objet clair et bien délimité, dans des constructions où la logique imperturbable et les définitions semblent s'imposer sans conteste. Pourtant, vu de l'intérieur, les juristes savent que les choses sont plus compliquées. Si l'on prend le droit comme un système de règles, force est de constater que le champ juridique, c'est-à-dire le domaine dans lequel les règles de droit s'exercent, a beaucoup varié dans le temps ; aujourd'hui, plus qu'hier, la nouveauté de certaines techniques comme le changement de modes sociaux font apparaître des objets qui, non seulement n'ont pas de consistance juridique mais dont on se demande s'il faut qu'ils entrent dans le droit. Si l'on prend le droit comme système de savoir constitué, on voit rapidement que, dans le temps et encore plus aujourd'hui, la délimitation des frontières de la discipline pose problème : la sociologie, la science politique et l'économie viennent perturber le savoir juridique et posent la question du renouvellement de la "science du droit". Preuve que la question des limites, dans le réel comme dans la pensée est, peut-être, la question centrale d'existence de tout objet. Mais l'objet droit n'est pas neutre et le problème de ses limites est à la fois théorique et politique.