dimanche 27 février 2011 à 10h30

LE REVENU DE BASE

Daniel HAÏNI et Enno SCHMIDT - Allemagne 2010 1h36mn -

Sommes-nous esclaves du travail, de l'obligation de travailler ? Que deviendrions-nous si nous avions un revenu pour pouvoir travailler plutôt que du travail pour avoir un revenu (relisez lentement…) ?
Le revenu de base, film-essai pédagogique, dense et passionnant, propose un début de réponse simple et clair à ces questions, rarement mises sur la table au forum de Davos ou lors du Dîner du Siècle. Car le « revenu de base », ou le « revenu pour tous » est une théorie qui existe, qui est très sérieusement pensée, aujourd'hui, par de très sérieux penseurs - économistes, sociologues, universitaires… Une des rares utopies positives de ce siècle, qui pourrait être, enfin, un embryon de traitement pour nos sociétés épuisées par près d'un demi-siècle de médications mortifères prescrites par les Diafoirus libéraux.

Un peu d'utopie dans ce monde de dégénérescence politique… un revenu garanti, mis en place avec les gardes-fous nécessaires, permettrait d'éradiquer la pauvreté et la peur des vieux jours, de donner la possibilité de refuser un travail et déclencherait un élan de créativité, de satisfaction et de bien-être inédit. Class, non ? Attention, il ne s'agit pas ici de proposer un énième bricolage de type RSA, version dégénérée de cette révolution, pour l'obtention duquel il faut répondre à de multiples critères et qui permet à peine de payer les factures. D'ailleurs, de l'avis général, l'un des principaux gages de réussite de ce revenu sera de le rendre inconditionnel.
On n'a certes pas été éduqué dans ces valeurs-là, et il est forcément malaisé de penser qu'une société peut évoluer, croître, voire même tenir debout sans la contrainte de devoir « gagner sa vie », sans la concurrence dans le travail. Daniel Häni et Enno Schmidt, nous prennent par la main et, pendant guère plus d'une heure et demie, nous expliquent patiemment et précisément ces choses. On rigole bien quand on apprend que, si la grande majorité des gens déclarent penser continuer à travailler si leur revenu était assuré, cette même grande majorité pense aussi que les autres s'arrêteraient… Un manque de confiance envers les autres alors que chacun à confiance en soi ? Un premier pas vers l'aventure collective ?

Pour répondre d'avance aux sarcasmes des orfraies madelinistes qui crieront au retour du péril rouge, précisons que, loin d'être une lubie née du cerveau malade de quelque baba-cool à sandalettes parfumé au patchouli, le revenu de base est une idée déjà ancienne, dont une variante à même été défendue par… Milton Friedman, l'un des grands penseurs du néo-libéralisme - qui voyait là le seul moyen de continuer à donner du pouvoir d'achat aux consommateurs quand les machines produiront à leur place… Ça ouvre des horizons, hein ? Comme disait l'autre, « on arrête tout, on réfléchit - et c'est pas triste ! »