vendredi 20 mars 2020 à 20h
appel à la libération des personnes enfermées en centres de rétention administrative ou dans les zones d'attente aux frontières.
L'Observatoire de l'enfermement des étrangers appelle à la libération des personnes enfermées en centres de rétention administrative ou dans les zones d'attente aux frontières.
La tension monte. Dans les centres de rétention administrative (CRA), des centaines de personnes étrangères attendent encore leur libération. Faute d'une décision de fermeture stricte de tous les lieux de rétentions - permettant d'enfermer les «sans-papiers» en vue d'une expulsion - exigée par le gouvernement, certaines juridictions ont ordonné, ces derniers jours, des dizaines de remises en liberté. Certains centres, presque vides, restent cependant ouverts. D'autres ne désemplissent pas, ou peu, et l'incompréhension demeure. Au regard de la loi, « une personne étrangère, n'ayant commis aucune infraction, ne peut être retenue qu'en vue d'une expulsion », souligne David Rohi, responsable rétention à La Cimade. Or, depuis quelques jours, les expulsions ne sont plus envisageables. Face à la crise sanitaire mondiale provoquée par le virus Covid-19, les retours dans les pays d'origine représentent trop de risques de propagation du virus. Par ailleurs, la plupart des lignes aériennes ont été suspendues. Pour le responsable de La Cimade, «nous sommes donc là dans une situation d'enfermement abusive».
Libération immédiate des retenu.es
Puisque rien ne justifie les enfermements, une dizaine d'organisations et d'associations regroupées au sein de l'Observatoire de l'enfermement des étrangers (OEE) ont appelé, mercredi 18 mars, à la « libération immédiate » toutes les personnes retenues. Une exigence « absolue », tant « juridique que sanitaire ». Dans son communiqué, l'Observatoire dénonce notamment le manque de mesures pour protéger les retenu·es et les personnes qui y travaillent comme l'absence de protocole sanitaire pour permettre de dépister d'éventuelles personnes porteuses du coronavirus.
« Imaginez-vous être enfermé.e à l'intérieur d'un centre où il n'existe aucune "mesures barrières" ni rien pour se protéger, un lieu où les personnes continuent de manger ensemble au réfectoire et vivent dans la plus grande promiscuité, sans gants ni masques, s'indigne David Rohi. Ça commence à être très compliqué pour ces personnes et c'est très angoissant. » Ce mercredi matin, en dépit de toutes les recommandations gouvernementales visant à contenir le virus, près de 900 personnes étaient encore enfermées dans les CRA et une cinquantaine d'autres maintenues en zones d'attentes (ZA).
« Des libérations individuelles ont été prononcées par des juges, mais ce ne sont pas les consignes du ministère de l'Intérieur, continue David Rohi. Ce que l'on nous confirme, côté préfecture et côté police, c'est que le fonctionnement des CRA est maintenu. » De nouveaux placements en rétention ont même été effectués ces derniers jours, entravant le confinement des lieux des personnes déjà présentes, les exposant potentiellement au virus. Interrogée par l'AFP, Laure Palun, directrice de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) dénonce le « contraste entre les mesures drastiques mises en place pour la population générale et l'insuffisance voire l'absence de mesures pour les étranger·es ».
Adeline Hazan, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté a, elle aussi, demandé au gouvernement et au ministère de l'Intérieur la fermeture de tous les lieux de rétention, estimant que l'État manquait à son « obligation de protéger à la fois ses agents et les personnes qu'il a lui-même sous sa garde ». Pour l'heure, seuls les préfets de Guadeloupe (971) et des Pyrénées-Atlantiques (64) ont décidé la fermeture des CRA installés dans leur département.
Source : message reçu le 20 mars 12h