jeudi 17 octobre 2019 à 20h30

Projection de "L'Homme a mangé la Terre" de Jean-Robert VIALLET

Vue dans le rétro, la course au progrès ressemble à une autoroute sans issue sur laquelle l'humanité fonce pied au plancher. Face à la catastrophe qui vient, Jean-Robert Viallet appuie sur la touche « retour rapide » et rembobine le fil de l'histoire économique, scientifique et technologique pour comprendre comment l'homme a « mangé la terre » et par sa voracité provoqué l'accumulation de 1 400 milliards de tonnes de CO2 dans la basse atmosphère, pesant désormais sur notre avenir comme une épée de Damoclès.

Quels sont les engrenages pernicieux, les choix stratégiques et les bifurcations ratées des deux derniers siècles qui nous ont amenés à altérer ainsi profondément notre environnement ? De la révolution industrielle à l'ère du tout-plastique et à la consommation de masse mondialisée, c'est ce basculement dans l'anthropocène - l'ère de l'homme tout-puissant, domptant et épuisant la nature - que balaye cette vaste fresque remarquablement mise en images.

Si les grands chapitres du récit sont connus (exploitation des énergies fossiles, taylorisme, colonialisme, néocapitalisme…), la singularité du propos tient aux fils conducteurs tirés par l'auteur, insistant sur le rôle joué par les conflits mondiaux dans cette course folle. S'appuyant sur un robuste essai de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz (L'Evénement anthropocène. La Terre, l'Histoire et nous), Viallet exhume quelques rageants ratés de l'Histoire, à l'instar du plan énergie solaire américain tué dans l'œuf par les producteurs de charbon dans les années 60. Et rappelle aussi les signaux d'alarme actionnés en vain, tel ce visionnaire rapport du Club de Rome, en 1972, qui alertait déjà sur les risques d'effondrement de la civilisation industrielle au xxie siècle. (Critique par Virginie Félix)

Jean-Robert VIALLET, né en 1970, est un journaliste français, auteur et réalisateur de documentaires, lauréat du prix Albert Londres pour sa trilogie « La Mise à mort du travail ».

Ses films traitent des dérives du capitalisme sur la société et l'environnement, des zones grises des pouvoirs et des oubliés de l'économie globale.

Source : message reçu le 27 septembre 10h